Avez-vous jamais été subjugué par cet arbre profondément enraciné, aux branches solides d’où prennent forme des fleurs délicates, majestueuses, irrésistiblement parfumées ?

En forme de tulipe, d’étoile ou de lotus, la déclinaison de leur teinte varie du blanc le plus pur au rouge pourpre le plus chatoyant. Un magnolia en fleurs est un incroyable spectacle visuel et olfactif dont nous aurions pu ne jamais être les témoins.

Pour la petite histoire, saviez vous que le magnolia est l’une des plantes les plus anciennes au monde ? Ses fossiles prouvent que des spécimens de la famille des Magnoliacées fleurissaient déjà il y a 95 millions d’années, du temps des dinosaures. Selon les espèces, les magnolias sont originaires d’Extrême-Orient (Chine, Japon), d’Asie Centrale et d’Amérique du Nord.

En 1711, René Darquistade, négociateur français passionné de botanique, fit débarquer son navire en provenance des Amériques. Parmi les végétaux ramenés, il repéra un « laurier-tulipier » qu’il décida d’installer dans l’orangerie de son château de la Maillardière.

Pendant près de vingt ans, l’arbre fut maintenu dans la serre. Mais lassé de ne jamais le voir fleurir, le jardinier reçu l’ordre de l’abattre. L’épouse de ce dernier parvint cependant à le convaincre de récupérer un plant de l’arbre et de le mettre en terre.

Ce fut alors un Miracle : l’arbre grandit, s’épanouit et en quelques années se mit à fleurir abondamment, attirant les horticulteurs de toutes les régions qui, à leur tour, lui donnèrent vie sur leurs terres.

Il m’est arrivé de penser que l’histoire du Magnolia reflétait étrangement certaines de nos histoires. On vient parfois de loin, déracinés ou en transit, amenés ici ou là au gré de notre passé et des évènements, vivotant et attendant que quelque chose se passe. On tente de pousser sur des terres peu nourricières, dans des espaces parfois trop étroits, nous coupant du contact direct avec les rayons du soleil qui nous réchaufferaient le cœur et déploieraient nos ailes.

On essaie de fleurir, on sent bien que dans le fond quelque chose chemine mais rien n’émerge vraiment. Parfois il faut plusieurs années avant qu’une rencontre, un voyage (au centre de soi ou sur d’autres continents) viennent amorcer un réel changement. Alors on commence à se libérer de l’ancien qui empêche notre croissance. On cherche d’autres terres pour nous accueillir, plus généreuses et fertiles pour nous aider à devenir une autre version de soi… plus douce, plus colorée, plus lumineuse, dans la forme qui est vraiment la nôtre. La vie a tout d’un coup un autre parfum et on se sent plus fort pour continuer le chemin, explorer l’inconnu, créer de la nouveauté.

Le Magnolia, symbole de longévité et d’éphémère reste un mystère en perpétuelle évolution, source de renouveau et de beauté inépuisable.

Et si le Magnolia c’était un peu de vous ? Un peu de nous ?

Malgré son impermanence, la vie est magnifiquement harmonieuse

Daisaku Ikeda